Edmond Bille

Un artiste au cœur du Valais.

Le village dans la montagne

Exposition à Chandolin du 18 au 26 juillet 2009.

L’ensemble présenté à Chandolin recouvre, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de l’artiste, l’aventure éditoriale qu’Edmond Bille entreprit en 1907 qui débouche sur la publication du Village dans la montagne. Le peintre sollicite son contemporain Charles Ferdinand Ramuz (1878-1947) pour le texte de ce projet dont le peintre en avait déjà eu l’idée à l’occasion de son séjour durant l’hiver 1901-1902.


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Bille avait déjà envoyé à l’écrivain un plan détaillé de l’ouvrage tel qu’il le concevait. Pour Ramuz c’est donc un ouvrage de commande, avec un projet qui n’est pas de lui et des contraintes nouvelles, dictées par la collaboration avec un imagier. Fidèle à Chandolin depuis l’hiver 1900-1901, Bille en connaît tous les secrets et toutes les règles. Ramuz porte ses réflexions à un niveau plus universel. De son côté, le peintre a accumulé un grand nombre de croquis sur le motif. Il veut donner de la vie quotidienne de ces populations montagnardes une image aussi complète et aussi pertinente que possible. Il s’agit de suivre le rythme des saisons, d’en illustrer les activités particulières et les manifestations traditionnelles.

L’illustration du Village dans la montagne compte cinquante-quatre planches hors-texte, dont trente-quatre en couleurs. Pour l’impression de l’ouvrage, Bille investit un temps considérable en essais de papiers et épreuves chromatiques. La mise en couleurs des clichés au trait pose d’innombrables problèmes esthétiques. Un soin extrême est apporté au papier, spécialement cuvé pour l’ouvrage.

Le Village dans la montagne passe pour être un hymne à la gloire de Chandolin. Rien n’est moins exact ; en effet, de nombreux dessins ont pour cadre d’autres villages d’Anniviers, en particulier Grimentz où Bille est très actif entre 1901 et 1904. Vissoie sert également de décor à quelques scènes. Mais ce livre appartient aux plus grandes réussites éditoriales de son temps.

Ce projet mûrit lentement, avec beaucoup d’hésitations, tant au niveau du titre – Là haut, La Montagne valaisanne, La Montagne, Poème et dessins, pour devenir finalement Le Village dans la montagne – que du contenu, en particulier des statuts respectifs du texte et de l’illustration. Avant même que les deux auteurs ne se rencontrent, une correspondance nourrie s’engage entre eux. A part une courte visite à Lens chez son ami Albert Muret, début septembre 1906, où il assiste à « une procession pour la pluie qui a fait cinq heures », Ramuz n’était jamais venu en Valais. Or, Bille insiste sur l’importance d’une connaissance aussi profonde que possible du sujet à traiter.