Geneviève Grandjean-Bille (1955-2025)

Un parcours à soi, par Alexandre Grandjean

Hommages à Geneviève, présidente de l’Association Edmond Bille de 2009 à 2025

Depuis que le monde est monde, que les protozoaires ont inauguré ce cycle de la Vie, des lignes et des tracés incommensurables n’ont eu de cesse de s’entrecroiser, de s’entremêler, de s’unir et de se démultiplier. Et si, ce 11 janvier 2025, la ligne des battements de cœur de Geneviève Grandjean-Bille s’est aplatie et assourdie, il n’en demeure qu’elle laisse tant devant que derrière elle, les signes d’une existence remplie, inspirante et fertile pour ceux qu’elle précède.

Née en 1955 de la rencontre et de l’union entre Thérèse Lepers et de René-Pierre Bille, Geneviève Grandjean-Bille a respiré pour la première fois cet air sec du Valais, marqué par l’odeur de terre, de sarments et de résine de mélèzes chauffés par le soleil. Sœur d’une fratrie de trois – avec ses frères Sylvain et Nicolas –, dépositaire d’une lignée d’artistes, côtoyant par la force des choses écrivains, exploratrices et peintres, elle n’aura de cesse de concilier l’héritage et l’apport des autres, et la recherche d’un parcours à soi, singulier, déroutant, hors des sentiers et des balises rabattues. Elle-même écrivaine, peintre, présidente d’association, instigatrice de projets ambitieux, mère, épouse, amie, marcheuse, elle a endossé sa vie durant des rôles et des identités multiples.

Dans un entretien paru en 2014 dans le Nouvelliste à l’issue de la parution de son premier roman, Matriclan Kane (Ed. Monographic), Geneviève Grandjean-Bille explique son patient cheminement vers une création qui lui soit propre : « J’ai dû faire quelques détours pour revenir à l’écriture. J’ai toujours voulu écrire, je n’ai jamais voulu faire autre chose. J’étais assez douée, mes professeurs avaient les yeux rivés sur moi… Mon grand-père, mon père, ma tante… Comment être moi-même ? ». Ce besoin de détours, elle le débute à l’École hôtelière de Lausanne, envoyée par Ella Maillard afin qu’elle « sauve l’hôtellerie valaisanne » et reprenne le Grand Hôtel de Chandolin. Elle n’en fera rien, mais voyagera à travers le monde, notamment au Canada où elle y liera de riches amitiés. C’est ensuite à Eastbourne, dans le sud de l’Angleterre qu’elle rencontrera Olivier Grandjean, qui deviendra rapidement son ami, son complice et son mari.

La vie de famille avec leurs trois enfants – Frédéric, Joanes et Alexandre -, ses obligations et ses sacrifices propres, n’entameront pas son envie et son besoin d’expression. Que ce soit à travers le théâtre, l’écriture de scénario, la conception de décors, la conception de jeux de plateau, ou alors par la lecture de féministes de la première heure, Geneviève Grandjean-Bille interroge le monde et les évidences qui l’entoure et développe son sentiment profond contre l’injustice et l’arbitraire. En matière d’écriture, les détours ne sont que partiels. Elle publie avec son père Animaux de montagne (1992) et Animaux de forêts (1998) aux éditions Slatkine. Ce n’est toutefois qu’au tournant de 2010 qu’elle publie ses propres textes, bien que ceux-ci sont en gestation depuis de nombreuses années. Son départ avec sa famille en 1999 à Singapour a été pour elle trois années passées à esquisser et rédiger les premières versions de ce qui allait devenir son premier roman, Matriclan Kane.

De retour en Suisse, en parallèle de son activité d’écriture, elle se lance dans la peinture, et plus spécifiquement l’art de la poya. Après s’être attelée aux codes du genre, Geneviève Grandjean-Bille s’est rapidement émancipée du canon et de la tradition, sans lui manquer de respect. Elle se lança dans compositions « expérimentales », usant notamment les nœuds du bois ou les difformités de ses planches de sapin pour composer des paysages, des contraintes et des embûches. Elle s’est rapidement attelée à l’écriture d’un deuxième roman – d’autres sont encore en chantier – qui fut proposé et publié par les éditions Infolio en 2022, Le mariage de Margueritte. Depuis peu, après un premier article dans la revue Passé simple, elle avait esquissé une série de textes qu’elle désirait écrire autour de sa famille. À ces activités créatrices, elle y associa la présidence de l’Association des amis d’Edmond Bille en 2009. Reprenant l’héritage pictural de son grand-père, entouré d’un comité actif et volontaire, ils organiseront notamment une première grande exposition au Salon des antiquaires à Lausanne en 2005. Puis la publication de trois ouvrages monographiques, dirigé par Bernard Wyder lui-même sous le suivi et le soutien rapproché de Geneviève Grandjean-Bille. D’autres expositions et actions pour mieux faire connaître ce peintre auront lieu, aboutissant notamment en 2024 au rachat de son œuvre monumentale, le Sphynx, qui est actuellement exposé à la salle communale de Chandolin.

Il est impossible de résumer un être en un mot comme en cent. C’est en lisant derrières les lignes d’une existence que l’on peut saisir par touche les traces et les marques tenaces d’une présence. Depuis quelques semaines, un abricotier pousse devant la fenêtre de son bureau à Juriens. Ce n’est qu’un suivi de ligne parmi d’autres, mais Geneviève Grandjean-Bille risque bien de marquer le paysage, en plus que les consciences de ceux et celles qui l’ont côtoyée.

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Cotisations:
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  50.– membre collectif et personnes morales
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Adresse

Association Edmond-Bille
Chalet Les Mélèzes
chemin Bâ de la St-Jean 9
3961 Chandolin
courriel info@edmond-bille.ch

Comité

François Genoud, président
Blaise Chappaz, vice-président
Anne Dinkel, secrétaire/caissier
Jean-Marie Surer, membre
Olivier Grandjean, membre

Statuts

Partenaires

Musée d’Art, Sion
Médiathèque Valais, Martigny
Archives Cantonales du Valais, Sion